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Allemagne Berlin veut développer l’agrivoltaïsme

Le gouvernement d’Olaf Scholz propose un bonus de 1,2 c/kWh pour aider les agriculteurs à rentabiliser les installations.

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Avec onze rangées de pommiers surplombés par des panneaux solaires, Christian Nachtwey est un pionnier de l’agrivoltaïsme. L’horticulteur de Gelsdorf, dans l’ouest de l’Allemagne, met à disposition une parcelle pour tester quelles sortes de pommes et quels panneaux solaires sont compatibles.

 

La double utilisation des surfaces agricoles est appelée à se multiplier dans le pays. Le gouvernement veut désormais subventionner l’agrivoltaïsme sur des milliers d’hectares. Une contribution vers l’objectif de 80 % d’électricité verte d’ici à la fin de la décennie.

Davantage de pression foncière

Les syndicats agricoles ont réservé un accueil positif à la proposition, soumise au Parlement, mais à certaines conditions. La principale organisation agricole, DBV, souhaite que les subventions ne concernent pas seulement les cultures mais aussi les pâturages, pour l’instant hors périmètre. De surcroît, le syndicat préférerait que le gouvernement accélère le développement du solaire sur les toits, pour ne pas augmenter la pression foncière, qui a énormément progressé ces dernières années outre-Rhin.

 

La crainte est réelle. Christian Nachtwey fait état de fermages grimpant jusqu’à 2 000 euros par hectare dans sa région, à cause de l’attractivité des grands parcs solaires. Le fermage agricole moyen en Allemagne était de 329 €/ha en 2020. Le syndicat minoritaire, AbL, suggère une régulation du foncier. Il souhaite que les surfaces d’agrivoltaïsme entrent dans les quotas de jachères de la Pac.

 

La rentabilité des installations reste une incertitude. Les subventions seront attribuées par appel d’offres, au moins-disant. L’État veut ajouter un bonus dégressif de 1,2 ct/kWh. Ce n’est pas assez, selon l’AbL. « Après les appels d’offres de 2023 le bonus devrait être ajusté le cas échéant », propose Udo Hemmerling, secrétaire général adjoint du DBV.

Électricité au champ

En plus d’être une autre source de revenu, l’agrivoltaïsme ouvre la voie à la poursuite de l’électrification de l’agriculture. « Jusqu’à présent, un exploitant n’avait pas accès à l’électricité sur ses champs. On utilise de plus en plus d’engins électriques, de petites machines, mais aussi à l’avenir, des véhicules transportant les fruits. Toutes ces machines pourront être rechargées directement au champ. Aujourd’hui, un exploitant doit toujours revenir à ses bâtiments, à la pause déjeuner ou le soir », explique Andreas Steinhüser, ingénieur au centre de recherche Fraunhofer, qui coordonne l’expérience chez Christian Nachtwey.

 

Les panneaux pourraient avoir une ultime fonction : être un instrument d’adaptation au changement climatique. Des recherches ont déjà montré que les rendements étaient meilleurs en année chaude, en raison de l’ombre et de la moindre évaporation sous les panneaux.

 

« Les panneaux solaires offrent une protection physique contre les fortes pluies, la grêle et les coups de soleil sur les pommes », détaille l’horticulteur bio, qui redoute une multiplication des événements climatiques. En gardant les arbres au sec, ils induisent un recours réduit aux produits phytosanitaires.

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